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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

insolite et à nous demander si elle était dédiée à notre nouvelle princesse, quoique la plupart d’entre nous fussions en mesure d’en renvoyer l’honneur au roi Léopold, lorsque notre attention fut détournée par le passage de LL. MM. Belges se rendant au salon intérieur.

Presque immédiatement après, un léger sussuro à la porte latérale appela mes regards et je vis avancer un groupe, en tête duquel marchait, beaucoup trop vite pour laisser remarquer la démarche élégante de sa compagne, monsieur le duc d’Orléans, donnant le bras à une grande personne pâle, maigre, sans menton, sans cils, et qui ne me parut pas agréable.

Le nouveau ménage et la grande-duchesse entrèrent seuls dans l’intérieur ; les dames des princesses s’arrêtèrent avec nous.

Tout ce qui composait la seconde fournée des invités voyait, comme moi, madame la duchesse d’Orléans pour la première fois, et l’impression ne lui fut pas favorable. Nous nous la communiquâmes pendant qu’on nous faisait ranger en haie, à droite de la porte, pour lui être présentées à sa sortie.

Le duc de Broglie, qui avait écrit et parlé avec enthousiasme de la princesse, ne tolérait pas qu’on ne la trouvât pas charmante. Il me grondait déjà de ma froideur, lorsque la porte se rouvrit et la famille royale traversa l’appartement pour se rendre au dîner.

Madame la duchesse d’Orléans suivait la Reine qui, en dépit de son gendre auquel elle donnait le bras, s’arrêtait pour parler à toutes les femmes et accueillir les nouvelles arrivées de sa bonté ordinaire.

Quoique nous fussions censées être présentées à madame la duchesse d’Orléans par la maréchale de Lobau, sa dame d’honneur, la Reine elle-même eut la