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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

honnêtes aux jappements d’une troupe d’aboyeurs des carrefours ou des journaux.

Ces concessions cependant n’ont pas réussi à les rendre moins hostiles. Ils ne peuvent cesser de l’être, car toute leur force factice est puisée dans leurs déclamations.

Quoi qu’il en soit, l’apparition de madame la duchesse d’Orléans à la chapelle fit sensation et causa beaucoup de satisfaction. Aussitôt après le service divin, elle rentra dans ses appartements intérieurs.

Voilà ce qu’on me raconta lorsque j’arrivai le même jour à Fontainebleau, ayant croisé sur la route les personnes invitées de l’avant-veille pour assister aux cérémonies et qui se composaient principalement des témoins, des bureaux des deux chambres législatives appelées à représenter leurs collègues, de ce qu’il y avait à Paris de ministres présents ou passés, enfin de tous les personnages officiels qui cédaient la place à une seconde fournée où j’étais comprise.

Hormis le baron de Werther qui, comme représentant le roi de Prusse, avait assisté à la cérémonie du mariage dont ce souverain avait été le promoteur, tous les autres membres du corps diplomatique se trouvaient partagés entre la seconde et la troisième fournée. Les logements, quelque nombreux qu’ils soient à Fontainebleau, nécessitaient cette division.

Il n’y avait d’invités pour tout le voyage (je ne parle pas des dames de service) que la famille du duc de Broglie, celle du prince de Talleyrand et le Chancelier.

Monsieur Molé, président du conseil, l’était aussi ; mais il avait de l’humeur de ce qu’on n’avait pas voulu violer les statuts de la Légion d’honneur en le faisant grand-croix, de simple chevalier qu’il était, sans qu’il passât par les grades intermédiaires, et de ce qu’on