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FONTAINEBLEAU EN 1834

voisins, des villages, les paysans étaient réunis en foule. Le Roi s’arrêtait toujours pour leur parler, et souvent descendait de sa voiture et restait quelques moments au milieu d’eux ; personne de nous ne songeait encore à s’en inquiéter.

Nous ne fûmes de retour au château que pour l’heure de la toilette. On nous avait prévenues qu’elle pouvait être très simple. En effet, on se réunit au salon en robes de mousseline. La soirée était consacrée au repos ; il n’y assista que les habitants du château. On plaça des tables de jeu, pour ceux qui voulurent en user, dans le salon de Louis XIII. La jeunesse s’établit à une espèce de jeu de poule, le macao, je crois. Les femmes jouèrent ou travaillèrent à leur choix.

Le thé et les rafraîchissements furent servis dans le salon de famille, de sorte que la société se trouvait dispersée entre ces deux pièces et la salle du trône qui les sépare. On gagna ainsi minuit fort agréablement et dans une entière liberté.

Le lendemain matin, la promenade dans la forêt fut remplacée par une visite à la grande treille où il y eut bien des livres de raisin dévorées. Je n’ai pas besoin d’en faire l’éloge ; il suffit de dire qu’il soutenait sa réputation.

Comme, pour l’amener à cette perfection, il ne doit être enveloppé ni de sacs, ni même de filets, le jardinier se procure une escouade de petits garçons qui, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, se promènent devant la treille, armés de longs chasse-mouches, et crient et chantent pour effrayer les oiseaux.

Tous les petits garçons de Fontainebleau et des environs arrivent en foule pour profiter de cette aubaine dont ils se réjouissent fort. Ils se trouvaient rangés en file sur notre passage. La Reine leur parla avec sa bonté ordinaire pour les enfants de toutes les classes.