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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

qui pourraient encore tout sauver, si on se hâtait de les proclamer.

J’ai su depuis que ce billet avait été le résultat d’une conférence, tenue chez monsieur Pasquier, et dans laquelle monsieur Hyde de Neuville avait cherché à le décider à se rendre à Saint-Cloud pour éclairer le Roi sur sa position. Monsieur Pasquier avait représenté qu’il n’était nullement propre à cette mission ; il ne pouvait obtenir du Roi de l’écouter favorablement, ne possédant pas sa confiance.

Monsieur Hyde se trouvait dans la même situation. Enfin l’abbé de Montesquiou, mieux vu à Saint-Cloud que ces messieurs, consentit à s’y rendre[1], et c’était pour appuyer les paroles dont il était porteur qu’on désirait une démarche du maréchal. Il en avait pris l’initiative depuis plusieurs heures, mais on l’ignorait.

J’envoyai tout de suite chez le duc de Raguse savoir si on était en communication avec lui. Tous ses gens se trouvaient aux Tuileries.

Je reçus un nouveau billet de monsieur Pasquier ; il m’autorisait à envoyer le premier au maréchal. Je l’enveloppai dans quelques lignes écrites à la hâte. Je ne savais comment les faire parvenir. Mon médecin se trouvait là et, voyant mon anxiété, il se chargea de remettre la lettre en main propre.

Il y réussit, car, peu de temps après, je vis entrer dans ma chambre monsieur de La Rue, aide de camp du maréchal. Il l’envoyait me dire qu’il était trop tard. Toutes les propositions de conciliation avaient été vainement tentées ; les ordres de Saint-Cloud étaient impératifs, il ne lui restait plus qu’à agir militairement.

  1. L’abbé de Montesquiou, arrêté à la barrière, ne parvint pas à Saint-Cloud.