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FONTAINEBLEAU EN 1834

amusant et plus amusé que le roi Louis-Philippe quand il montre et explique les travaux qui font sa seule récréation depuis qu’il est monté sur le trône.

Son admirable mémoire lui fournit, à chaque instant, quelque anecdote historique ou artistique très piquante qui donne la vie aux lieux que l’on parcourt et, quoiqu’il nous fît faire la visite bien en conscience, qu’il ne nous fît pas grâce d’un chou, et qu’il nous retînt plus de deux heures et demie sur nos jambes, personne ne s’aperçut de sa fatigue.

Je fis supérieurement ma cour dans cette occasion. J’avais, en 1828, passé une semaine à Fontainebleau chez mon oncle Édouard Dillon, auquel Melchior de Polignac, gouverneur du château, avait prêté un appartement pour l’été, de façon que, l’ayant vu en détail tel qu’il était alors, je pouvais mieux reconnaître et apprécier les énormes restaurations déjà faites par le Roi.

Cette circonstance l’attacha à mes côtés et lui fit trouver plus de plaisir à me désigner les nouveaux travaux qu’il comptait entreprendre. Ceux de la belle galerie de François II étaient déjà commencés. Le plafond, tout dévissé et démonté, gisait sur le parquet, et nous pûmes remarquer la perfection de cet ouvrage d’ébénisterie, et je dirai presque d’orfèvrerie, exécuté avec le soin qu’on apporterait à faire une tabatière.

Monsieur Alaux, artiste distingué, avait préparé un échantillon de sa restauration des peintures du Primatice pour le soumettre à l’approbation du Roi. Pendant qu’il l’examinait et donnait quelques ordres, il nous confia à la gouverne de monsieur le duc d’Aumale, alors âgé de douze ans et aussi parfaitement intelligent qu’il était beau.

Il nous fit les honneurs de la bibliothèque en étalant sa jeune science, sans pédanterie, mais avec satisfaction.