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FONTAINEBLEAU EN 1834


J’avais été invitée au premier voyage, de la Cour, à Fontainebleau en 1834 et j’en conservais l’idée la plus riante.

C’était comme une oasis au milieu de ces sept années de tribulations publiques et privées qui m’ont assaillie depuis la révolution de Juillet.

L’émeute était usée ; l’assassinat n’était pas né ; les terreurs du choléra étaient oubliées. Le Roi se flattait d’une popularité retrempée dans l’énergie qu’il avait montrée contre les factieux armés. L’instruction du grand procès d’avril se poursuivait paisiblement, et les gens sages espéraient qu’une amnistie, suivant de près l’acte d’accusation, témoignerait à la fois de la culpabilité des accusés et de la longanimité du gouvernement sans l’exposer aux chances d’un procès qui, malgré l’habileté avec laquelle il a été conduit, n’est devenu possible que par les fautes multipliées des accusés et de leurs défenseurs, fautes qu’il était impossible de présumer et imprudent d’espérer.

Le ministère s’était récemment affaibli par la retraite du duc de Broglie. La présidence nominale du maréchal Gérard ne lui rendait pas l’ensemble qu’il avait perdu ; mais messieurs Guizot, Thiers, Rigny et Duchâtel présentaient un quatuor qui promettait quelque force.

La sécurité était donc assez grande en ce moment où