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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Il n’entre point dans mon projet d’en donner les détails ; d’ailleurs je les sais mal.

Charles X s’obstina fort longtemps à nommer la princesse madame de Lucchesi. Celle-ci, de son côté, ne voulut pas accepter cette position et se contenta de prouver qu’elle faisait bon ménage en accouchant publiquement tous les ans et produisant ses nouveaux enfants à tous les regards.

À la fin, et par l’intercession de madame la Dauphine, le Roi s’adoucit. Madame la duchesse de Berry obtint permission de passer quelques jours dans sa famille, mais elle a cessé d’en faire partie.

Notons, comme chose extraordinaire et imprévoyable, que ce mari, improvisé par les intrigues de madame du Cayla, acheté à beaux deniers comptants par l’or de monsieur Ouvrard, acceptant sans trop de répugnance une position si humiliante et que tout devait faire présumer un misérable, s’est trouvé un très honnête homme, assez délicat, plein d’égards pour sa femme, de convenance dans ses rapports avec elle, avec les autres, et de dignité dans sa propre attitude. Enfin, d’après tout ce qui en revient, il mérite et obtient une véritable estime.

Je crois ne pouvoir mieux terminer ce récit que par une lettre dont l’amiral de Rigny m’a laissé prendre copie dans le temps. Je la donne tout entière pour lui conserver son caractère de franchise et de vérité.

Châtenay. — Septembre 1840.