était dans la confidence de son état et avait pris l’engagement de faire disparaître l’enfant sans qu’il en fût autrement question.
Selon lui, la difficulté de cacher cette aventure à monsieur de Mesnard la préoccupait beaucoup ; et c’est pour cela qu’elle avait vu son départ avec tant de satisfaction. L’arrivée de monsieur de Brissac pourtant avait fort tempéré sa joie.
En apprenant l’intimité journellement croissante entre le commandant et sa prisonnière, monsieur Thiers conçut des inquiétudes et se décida à le faire changer. Il consulta monsieur Pasquier, devant moi, sur la convenance de le faire remplacer par un de nos amis communs, le colonel de Lascours, beau-frère du duc de Broglie.
Les cris que nous jetâmes l’un et l’autre avertirent monsieur Thiers des objections à faire à un pareil emploi que lui regardait comme une faveur. Assurément monsieur de Lascours aurait refusé une si maussade commission. Mais nous fûmes très étonnés de la savoir acceptée par le général Bugeaud, député assez influent, bon officier, homme d’honneur et d’esprit, mais ayant l’épiderme suffisamment calleuse pour ne point souffrir de tout ce que le métier dont il se chargeait présentait d’odieux.
Depuis quelque temps déjà les rapports du colonel Chousserie annonçaient la princesse très souffrante. Les lettres de madame d’Hautefort et de monsieur de Brissac parlaient d’une toux opiniâtre et d’un grand amaigrissement. Elle ne se plaignait pas, mais ses forces diminuaient.
L’inquiétude gagna le cabinet. Monsieur Pasquier ne négligea rien pour l’exploiter, d’autant plus qu’il la partageait.
Dans une nouvelle note remise au Roi, il rappela que la mère, l’archiduchesse Clémentine, était morte poitri-