apportait pourtant de l’esprit à travers sa passion, parce qu’elle en avait infiniment.
« Ma chère, lui dis-je en l’abordant, vous avez accueilli d’un sourire ironique l’avertissement que je vous ai donné, il y a une quinzaine de jours, qu’on était dans la disposition sérieuse d’arrêter madame la duchesse de Berry ; hé bien, je viens vous dire aujourd’hui que toutes ses retraites sont dénoncées, qu’elle est vendue de plusieurs côtés et sera livrée incessamment. Peut-être est-il encore possible d’éviter ce malheur en la décidant à partir, j’ignore si vous en avez le moyen ; mais il n’y a pas un instant à perdre. »
Madame de Chastellux me regardait fixement, elle me tendit la main :
« Vous êtes trop troublée pour n’être pas sincère. Confidence pour confidence. Je suis en rapports directs avec madame la duchesse de Berry. Elle sera avertie le plus promptement possible et, de plus, je ne négligerai rien pour la décider à partir. Elle s’y refuse encore, mais tout le monde autour d’elle en admet la nécessité.
— Dieu veuille que vous réussissiez, répliquai-je en me levant pour m’en aller ; car je ne voulais pas être entraînée à dire plus que je n’avais projeté.
— Encore un mot, ajouta-t-elle en me retenant par le bras, si madame la duchesse de Berry consent à partir, le pourra-t-elle ? la laissera-t-on s’échapper ?
— Hélas ! repris-je, il y a encore huit jours je vous aurais répondu oui bien affirmativement, aujourd’hui, j’ose seulement dire je l’espère, et presque je le crois, mais, soyez-en persuadée, c’est la seule chance possible d’éviter ce que nous déplorerions également toutes les deux. »
Elle me remercia de nouveau, m’embrassa cordiale-