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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

démarches faites par lui dans ce voyage entrepris à leur demande.

Les lettres écrites furent remises au gardien de la geôle pour les jeter à la poste. Or, monsieur Berryer, moins qu’un autre, ne pouvait ignorer que, des mains du gardien, elles allaient tout droit dans celles du juge d’instruction.

Cette démarche, une des plus étranges que la peur pût dicter à l’homme d’esprit et de talent, eut les résultats qu’elle devait amener. Les lettres arrivèrent à Paris, accompagnées de mandats d’amener contrôles cinq personnages désignés.

Le cabinet en fut vivement contrarié. Ces messieurs, assurément, ne couraient aucune espèce de danger ; ainsi purent-ils se poser en martyrs et trancher des héros. Mais le ministère redoutait également l’ovation que leur prépareraient les carlistes, et les cris furibonds de ceux qui s’intitulaient le parti de Juillet contre l’indulgence dont on userait envers eux, comparée à la sévérité, nécessaire parce qu’ils étaient redoutables, qu’il fallait montrer aux factieux républicains.

Toutefois, le mandat suivait la forme voulue par les lois, et les prévenus durent être conduits en prison pendant que le gouvernement négociait avec la justice pour arrêter cette affaire. Tout ce qu’il put faire fut de rendre la détention aussi douce qu’elle finit par être courte.

Le chancelier Pastoret et le maréchal duc de Bellune l’évitèrent en s’éloignant de Paris de quelques lieues. Le duc de Fitzjames et monsieur de Chateaubriand la subirent de bonne grâce, en l’acceptant pour ce qu’elle était : une forme inévitable attirée par monsieur Berryer sur leur tête.

Il n’y eut que mon pauvre ami Hyde de Neuville