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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

madame de La Rochejaquelein, mademoiselle Fauveau, le jeune La Tour du Pin, le vieux Mesnard, enfin des écervelés et des nullités, aussi bien que le maréchal Bourmont, les comtes d’Autichamp et de Civrac.

Monsieur Berryer produisit la note confiée à ses soins, et déduisit de son mieux les raisons de sagesse et de haute politique militant en faveur du parti qu’elle recommandait. Il fut appuyé par les chefs vendéens : ils affirmaient qu’on ne réussirait à soulever ni la Vendée ni la Bretagne.

Pendant ce temps-là, les jeunes conseillers de régence haussaient les épaules ; mademoiselle Fauveau dessinait des modèles d’uniformes pittoresques pour les troupes, et madame de La Rochejaquelein les soumettait à l’approbation de la princesse.

Monsieur Berryer épuisait en vain sa rhétorique. Le maréchal Bourmont avait longtemps gardé un morne silence ; il s’aventura enfin à se ranger du côté de ceux qui conseillaient la retraite.

Madame la duchesse de Berry, qui, depuis le commencement de la séance, se contenait avec peine, entra dans une véritable fureur. Elle reprocha au maréchal de l’avoir nourrie de fausses espérances, poussée à son entreprise et placée dans une situation désespérée pour l’y abandonner :

« Au surplus, ajouta-t-elle avec véhémence, votre conduite est conséquente à votre caractère. Ce serait la première fois que vous n’auriez pas trahi ! » Cette scène violente termina la séance.

Monsieur Berryer obtint la promesse d’être reçu en particulier le lendemain. On le mena, avec de nouvelles précautions romantiques, dans un lieu où il passa la nuit. Un enfant de six ans le guida le matin vers une cabane où il trouva madame la duchesse de Berry. Elle