Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

l’envoyer là où sa cousine risquait d’être arrêtée d’un moment à l’autre, par l’effet de quelque zèle intempestif, et nous la présumions encore dans le Midi.

Bientôt après, sa traversée audacieuse du royaume fut connue, l’exactitude de ma communication confirmée, mais nos prévisions sur le lieu de son séjour trompées, et monsieur le duc d’Orléans partit.

Je puis assurer que le séjour de madame la duchesse de Berry ne donnait d’inquiétude, à cette époque, que pour elle.

J’ignore si ce fut la lettre communiquée à madame Récamier qui décida le retour de monsieur de Chateaubriand. Mes souvenirs me le montrent bientôt après à Paris.

On se persuada d’abord qu’en se rapprochant des côtes de l’Océan madame la duchesse de Berry avait pour but de s’embarquer plus facilement dans un lieu où elle serait moins soupçonnée ; mais la Vendée ne tarda pas à se mettre en mouvement.

Partout, de petites bandes d’insurgés se montraient et agitaient le pays sans l’entraîner ; partout, aussi, les chefs s’épuisaient en vains efforts pour ressusciter un parti carliste, sans avoir eux-mêmes l’espérance d’y réussir.

On n’aimait pas le nouveau gouvernement. Toutefois, il ne vexait personne et, en Vendée comme ailleurs, la grande masse voulait vivre tranquille.

Cependant d’anciens souvenirs, fortement excités par quelques prêtres et beaucoup de gentilshommes, parvinrent à réunir une espèce de noyau d’insurrection autour de Marie-Caroline dans les derniers jours de mai.

Le maréchal de Bourmont avait dû renoncer à l’illusion dont il s’était bercé, et avait trompé les autres, que l’armée lui était passionnément attachée. Selon lui,