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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

En attendant l’alliance offensive avec les puissances, les carlistes s’étaient ménagé celle des ambassades. L’habitude leur y donnait accès.

Ils s’y rendaient en foule, demeuraient maîtres des salons et y faisaient des impertinences aux jeunes princes (les ducs d’Orléans et de Nemours) qu’ils y rencontraient, au point que monsieur le duc d’Orléans se trouva forcé d’en demander raison au duc de Rohan (alors Fernand de Chabot) et se conduisit dans cette circonstance avec son tact et son esprit accoutumés.

Bientôt l’ambassade d’Angleterre fut fermée à ces factieux de contredanse. Ils continuèrent à dominer dans celle d’Autriche et nos princes cessèrent petit à petit de se montrer dans le monde.

L’échec de la rue des Prouvaires était fort sensible au parti. Un jeune carliste, monsieur de Berthier, rencontrant peu de jours après, dans le Carrousel, le Roi, à pied et donnant le bras à la Reine, lança contre eux le cabriolet qu’il menait, cherchant évidemment à les écraser au tournant de la rue de Chartres.

Il y aurait certainement réussi si le cheval, poussé avec fureur, ne s’était providentiellement abattu. Cette brillante prouesse fut célébrée dans les salons et monsieur de Berthier devint le héros du jour.

À force d’imprudences et d’impertinences, madame de La Rochejaquelein parvint enfin à attirer l’attention de l’autorité sur sa demeure. La visite de son château fut ordonnée pour y arrêter des réfractaires qu’elle n’y recélait pas mais dont elle faisait trophée.

À l’approche de la force armée, la terreur s’empara de la générale, comme elle se faisait appeler et de son aide de camp, mademoiselle de Fauveau, autre tête écervelée.

Toutes deux se cachèrent dans le four d’une ferme