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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

l’autorisa de sa présence et parvint à s’évader de la maison où ses complices furent arrêtés.

Le plan était de pénétrer par la galerie du Louvre, où l’on se tenait sûr d’être furtivement introduit, jusqu’au palais des Tuileries dans la nuit du 1er  au 2 février 1832.

Le Roi donnait un grand bal ; l’attention était appelée sur les autres issues. On s’était procuré les clefs de la porte qui ouvre dans le pavillon de Flore, et on espérait que l’invasion de quelques douzaines d’hommes, armés et tirant, produirait une telle confusion qu’on pourrait se débarrasser de la famille régnante d’un seul coup.

On comptait d’ailleurs, avec l’illusion commune à tous les partis politiques, qu’il suffisait d’attacher le grelot et que tout le monde se joindrait aux conspirateurs. Il ne serait pas impossible, au reste, qu’ils eussent des complices parmi les nombreux convives du Roi.

Quoi qu’il en soit, la famille royale, avertie de ce nouveau danger, ne témoigna pas la plus légère agitation ; et le Roi sut à onze heures, par monsieur Perier, que l’état-major des assaillants, dans la rue des Prouvaires, était occupé par la police, et quelques-uns des factieux, arrêtés. En attendant plus tard, la capture aurait été plus nombreuse et plus importante, mais il est dangereux en temps de révolution de risquer une collision ; il suffisait de déjouer le plan, sans commettre plus de monde qu’il n’était nécessaire.

Le lendemain, les salons du faubourg Saint-Germain se partageaient entre ceux qui se moquaient des vaines terreurs de Louis-Philippe, en niant le projet, et ceux qui se désolaient de son insuccès.

Une personne moins bien pensante (pour me servir de l’argot de ces salons), ayant hasardé de témoigner un peu