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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

mais il ne tarda guère à se relever. Le luxe se développa rapidement, et même avec une certaine exagération d’assez mauvais goût.

Les habitants des châteaux, à leur grand étonnement, trouvèrent au retour plus d’équipages élégants, plus de diamants, plus de magnificences extérieures dans la ville qu’ils n’en avaient jamais vu et Paris déjà plus brillant que pendant la Restauration.

Toutefois, le mouvement était donné, la bouderie établie, l’hostilité constatée. Le plus grand nombre des personnes de l’ancienne Cour, qui allaient encore au Palais-Royal en 1831, s’abstinrent des Tuileries en 1832.

La destruction de l’hérédité de la pairie leur servit de prétexte, ou peut-être de motif réel, pour s’éloigner. Leur place, au reste, était déjà prise par une classe, riche et arrogante, qui marchait sur les talons de la noblesse depuis longtemps et n’était nullement disposée à lui rendre ni même à partager la situation que ses ressentiments lui faisaient abandonner dans l’État.

J’ai vu de près les prétentions individuelles des hommes qui se trouvaient distingués par leur fortune reconnue ou par leur capacité présumée, et j’ose affirmer qu’elles ne cèdent en rien à celles des ducs et des marquis de l’ancien régime, qu’elles sont tout aussi exigeantes, tout aussi exclusives, habituellement plus ridicules, toujours plus grossièrement formulées, et amènent beaucoup plus fréquemment l’expression et la pensée rendue par les mots : « un homme comme moi ! »

Le parti carliste se cimenta pendant les derniers mois de 1831. Madame la Dauphine y contribua assez habilement, quoique dans la ligne qui convient à son grand cœur incapable de fomenter l’intrigue.

Elle s’était de tout temps érigée en protectrice zélée