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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

et le quartier ont également gagné à la démolition du palais de l’archevêque.

Les intrigants du parti carliste durent renoncer pour lors à obtenir des manifestations des gens ayant quelque chose à perdre, mais la sécurité ne tarda pas à renaître parmi eux et, lors qu’il fut bien constaté, d’une part, qu’il n’y avait rien à craindre du nouveau gouvernement, soit pour sa personne, soit pour sa propriété (protection égale étant donnée à tous) et, de l’autre, qu’il n’y avait rien à gagner à le servir, ni pour l’importance, ni pour les intérêts personnels, qu’il n’y avait plus de Cour, plus de courtisans, plus de places de faveur, plus de crédit à exploiter, encore moins de privilèges à obtenir, alors l’opposition royaliste s’organisa.

Quelques-uns étaient encore arrêtés par les avantages attachés à l’hérédité de la pairie. On voulait les conserver, ou les acquérir ; la loi qui les détruisit acheva de les éloigner.

Les gens de ce parti vivent, selon l’habitude qui leur a été si fatale, exclusivement entre eux, parqués dans les mêmes salons. Ils se touchèrent le coude et, se sentant tous hostiles, ils crurent être tout le monde.

Leur première espérance fut celle de ruiner Paris. On réforma une partie de ses gens, de ses chevaux ; on diminua son ordinaire ; on décommanda à grand bruit les meubles, les voitures, les bijoux, tous les objets de luxe que les marchands devaient fournir.

Les dames partirent pour la campagne sans acheter de chapeaux d’été, et reprirent leurs robes de l’an dernier à leurs femmes de chambre. Elles croyaient bonnement retrouver l’herbe croissante dans les rues de la cité criminelle.

Le commerce souffrit, en effet, pendant la première année de la révolution, d’une si violente commotion,