tenir cette conduite, malgré les objections que je suis censé vous adresser ? »
Le duc lui tendit la main.
« Comptez sur moi ; la conférence a eu lieu précisément comme vous la rapportez.
— Alors, reprit Pozzo, il n’y a pas un moment à perdre, il faut agir en conséquence. »
Personne ne fut mis dans la confidence. Les petites intrigues s’agitèrent autour du Roi. Monsieur de Talleyrand bouda. Il avait un autre plan qui avait des côtés spécieux, mais dont le but principal était de se tenir personnellement éloigné de l’empereur Alexandre. Il ne savait pas la prise des papiers de monsieur Reinhard, mais il craignait toujours quelque indiscrétion. Pozzo ne se fiait pas assez à lui pour lui raconter la véritable situation des affaires. Le duc le décida à rejoindre le Roi qui, de son côté, consentit à se séparer de monsieur de Blacas.
On arriva à Paris à tire d’aile et le Roi fut bombardé à l’improviste dans le palais des Tuileries, selon l’expression pittoresque de Pozzo quand il fait ce récit.
À peine ce but atteint, il se jette dans une calèche et court au-devant de l’Empereur. Ses logements étaient faits à Bondy ; Pozzo brûle l’étape et continue sa route. Il trouve l’Empereur à quelques lieues au delà : il est venu lui apprendre que Paris est soumis et le palais de l’Élysée prêt à le recevoir. L’Empereur le fait monter dans sa voiture. Pozzo lui fait un tableau animé de la bataille de Waterloo, donne une grande importance à la manœuvre de Blücher, raconte l’entrée en France, la facilité de la marche, la cordialité de la réception, l’impossibilité de s’arrêter quand il n’y a pas d’obstacles, et enfin le parti pris par le duc d’occuper Paris.
L’Empereur écoutait avec intérêt.