CHAPITRE xiii
Le mariage de mon frère se remettait de jour en jour. J’étais au plus fort de l’impatience de ces retards incompréhensibles, lorsqu’un soir une comtesse de Schwitzinoff, dame russe avec laquelle madame de Duras s’était assez liée, nous parla d’une visite qu’elle avait faite à mademoiselle Lenormand, la devineresse, et de toutes les choses extraordinaires qu’elle lui avait annoncées.
J’avais bien quelque curiosité d’apprendre si le mariage de mon frère se ferait enfin cette année ; mais la duchesse en avait encore beaucoup davantage de se faire dire si elle réussirait à empêcher le mariage de sa fille, la princesse de Talmont, avec le comte de La Rochejacquelein, car la seule pensée de cette union faisait le tourment de sa vie.
Elle me pressa fort de l’accompagner chez l’habile sibylle, en nous donnant parole de ne lui adresser qu’une seule question. J’aurais peut-être cédé sans la promesse que j’avais faite à mon père de n’avoir jamais recours à