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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

savaient et en étaient parfaitement satisfaites, qu’elle n’avait plus osé se révolter contre une situation qu’il affirmait si générale et à laquelle il ne faisait exception absolument que pour monsieur le duc d’Angoulême.

Or, la princesse napolitaine aurait eu peu de goût pour un pareil époux. Elle s’était particulièrement enquise de monsieur le duc d’Orléans, et le prince Castelcicala n’avait pas manqué de répondre de lui :

« Indubitablement, madame, pour qui le prenez-vous ?

— Et ma tante le sait ?

— Assurément, madame ; madame la duchesse d’Orléans est trop sage pour s’en formaliser. »

Malgré ces bonnes instructions de son ambassadeur, la petite princesse reprenait souvent des accès de jalousie, et madame de Gontaut était également utile pour les apaiser et pour écarter d’elle les révélations que l’indiscrétion ou la malignité, pouvait faire pénétrer. Elle continua à jouer ce rôle tant que dura la vie de monsieur le duc de Berry.

Madame la comtesse Juste de Noailles fut nommée dame d’atour ; monsieur le duc de Berry vint lui-même la prier d’accepter. Ce choix réunit tous les suffrages ; personne n’était plus propre à remplir une pareille place avec convenance et dignité.

L’éminent savoir-vivre de madame de Noailles lui tient lieu d’esprit et sa politesse l’a toujours rendue très populaire, quoiqu’elle ait été successivement dame des impératrices Joséphine et Marie-Louise et dame d’atour de madame la duchesse de Berry dont elle n’a jamais été favorite mais qui l’a toujours traitée avec beaucoup d’égards.