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CHAPITRE xi


Tom Pelham. — Inauguration du pont de Waterloo. — Dîner à Claremont. — Maussaderie de la princesse Charlotte. — Son obligeance. — Un nouveau caprice. — Conversation avec elle. — Mort de cette princesse. — Affliction générale. — Caractère de la princesse Charlotte. — Ses goûts, ses habitudes. — Suicide de l’accoucheur. — Singulier conseil de lord Liverpool. — Maxime de lord Sidmouth.

Quelque horreur que j’aie pour la mer, je fus amplement payée des fatigues du voyage par le bonheur que mon retour à Londres causa à mes parents. Je trouvai grande joie à me reposer près d’eux des petites tracasseries d’un monde toujours disposé à faire payer, argent comptant, le genre de succès qu’il apprécie le plus, parce qu’il est à la portée de toutes les intelligences.

Il n’y a personne qui ne comprenne vite combien il eût été agréable pour son fils, son frère, ou son ami d’épouser une riche héritière, et qui ne trouve la préférence accordée à un autre une espèce de passe-droit. J’ai remarqué depuis, lorsque cela me touchait de moins près, qu’aucune circonstance ne développe davantage l’envie et l’animadversion de la société. Ce que tout le monde veut, c’est de la fortune. Il n’y a guère de façon moins pénible et plus prompte d’en acquérir ; chacun regrette de voir un autre l’élu du sort.

Je me rappelle, à ce propos, les projets d’un de mes camarades d’enfance, le jeune Pelham. Il était cadet, avait atteint sa seizième année et rentrait à la maison pater-