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CHAPITRE viii


Madame la duchesse de Berry. — La duchesse de Reggio. — Le mariage de mon frère avec mademoiselle Destillières est convenu. — Scène aux Tuileries. — Le Roi est malade. — Le Manuscrit de Sainte-Hélène. — Lectures chez mesdames de Duras et d’Escars. — Succès de cette publication apocryphe.

J’avais fait ma cour en arrivant, mais je n’avais pas vu madame la duchesse de Berry qu’un commencement de grossesse retenait chez elle. Je l’aperçus pour la première fois au bal chez le duc de Wellington ; elle me parut infiniment mieux que je ne m’y attendais.

Sa taille, quoique petite, était agréable ; ses bras, ses mains, son col, ses épaules d’une blancheur éclatante et d’une forme gracieuse ; son teint beau et sa tête ornée d’une forêt de cheveux blond cendré admirables. Tout cela était porté par les deux plus petits pieds qu’on pût voir. Lorsqu’elle s’amusait ou qu’elle parlait et que sa physionomie s’animait, le défaut de ses yeux était peu sensible ; je l’aurais à peine remarqué si je n’en avais pas été prévenue.

Son état l’empêchait de danser ; mais elle se promena plusieurs fois dans le bal donnant le bras à son mari. Elle n’avait ni grâce, ni dignité.

Elle marchait mal et les pieds en dedans ; mais ils étaient si jolis qu’on leur pardonnait, et son air d’excessive jeunesse dissimulait sa gaucherie. À tout prendre, je la trouvai bien. Son mari en paraissait fort occupé