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CHAPITRE v


Lord Castlereagh. — Lady Castlereagh. — Cray Farm. — Dévouement de lady Castlereagh pour son mari. — Accident et prudence. — Soupers de lady Castlereagh. — Partie de campagne chez lady Liverpool. — Ma toilette à la Cour de la Reine. — Beauté de cette assemblée. — Baptême de la petite princesse d’Orléans. — La princesse de Talleyrand. — Elle consent à se séparer du prince de Talleyrand. — La comtesse de Périgord. — La duchesse de Courlande. — La princesse Tyszkiewicz. — Mariage de Jules de Polignac.

J’ai déjà dit que je n’avais eu aucune connaissance détaillée des affaires par mon père. Je n’en ai su que ce qui est assez public pour qu’il n’y ait point d’intérêt à le raconter. Chaque semaine, il recevait deux courriers de Paris toujours chargés d’une longue lettre particulière du duc de Richelieu. Il lui répondait aussi directement, de sorte que les bureaux et la légation n’étaient pas initiés au fond de ces négociations dont le but, pourtant, était patent pour tout le monde. Il s’agissait d’obtenir quelque soulagement à l’oppression de notre pauvre patrie. Le cœur du ministre et de l’ambassadeur battaient à l’unisson ; leur vie entière y était consacrée.

Lord Castlereagh était un homme d’affaires avec de l’esprit, de la capacité, du talent même, mais sans haute distinction. Il connaissait parfaitement les hommes et les choses de son pays ; il s’en occupait depuis l’âge de vingt ans ; mais il était parfaitement ignorant des intérêts et des rapports des puissances continentales.