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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

voyez comme elle la fait bien ; elle a été polie ; elle a bien pris ses leçons, enfin madame la duchesse d’Orléans va vous dire qu’elle en est très contente. »

Ma mère caressa le joyeux enfant ; ses parents étaient à la promenade ; un instant après nous vîmes la petite princesse à genoux à côté de madame de Vérac :

« Que faites-vous là, princesse Marie ?

— Je vous fais de la reconnaissance, et puis au bon Dieu. »

Qu’on me passe encore deux histoires de la princesse Marie. L’année suivante, on donnait sur le théâtre de Drury Lane une de ces arlequinades où les anglais excellent ; tous les enfants de la famille d’Orléans devaient y assister après avoir passé la journée à l’ambassade. On arriva un peu trop tôt ; le dernier acte d’une tragédie où jouait mademoiselle O’Neil n’était pas achevé. Au bout de quelques minutes, la princesse Marie se retourna à sa gouvernante :

« Donnez-moi mon mouchoir, madame Mallet. Je ne suis pas méchante je vous assure, mais mes yeux pleurent malgré moi ; cette dame a la voix si malheureuse ! »

Plus tard, lorsqu’elle avait près de six ans, je me trouvai un soir au Palais-Royal ; la princesse Marie s’amusait à élever des fortifications avec des petits morceaux de bois taillés à cet effet, et recevait les critiques d’un général dont elle avait sollicité le suffrage. Elle releva son joli visage et avec sa petite mine si piquante, lui dit :

« Ah ! sans doute, général, ce n’est pas du Vauban. »

Monsieur le duc de Nemours, ou plutôt Moumours, comme il commençait à s’appeler lui-même, était beau comme le jour.

Madame la duchesse d’Orléans était accouchée à