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CHAPITRE iii


Indépendance du caractère des anglais. — Dîner chez la comtesse Dunmore. — Jugement porté sur lady George Beresford. — Salons des grandes dames. — Comment on comprend la société en Angleterre et en France. — Bal donné chez le marquis d’Anglesey. — Lady Caroline Lamb. — Mariage de monsieur le duc de Berry. — Réponse du prince de Poix.

J’examinais les usages d’un œil plus curieux à ce retour que lorsque, plus jeune, je n’avais aucun autre point de comparaison, et je trouvais que, si l’Angleterre avait l’avantage bien marqué dans le matériel de la vie, la sociabilité était mieux comprise en France.

Personne n’apprécie plus haut que moi le noble caractère, l’esprit public qui distinguent la nation.

Avec cet admirable bon sens qui fait la force du pays, l’anglais, malgré son indépendance personnelle, reconnaît la hiérarchie des classes. En traversant un village, on entend souvent un homme sur le pas de sa chaumière dire à sa petite fille : « Curtsey to your betters, Betsy », expression qui ne peut se traduire exactement en français. Mais ce même homme n’admet point de supérieur là où son droit légal lui paraît atteint.

Il a également recours à la loi contre le premier seigneur du comté par lequel il se pense molesté et contre le voisin avec lequel il a une querelle de cabaret. C’est sur cette confiance qu’elle le protège dans toutes les occurrences de la vie qu’est fondé le sentiment d’indépen-