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DÎNERS À CARLTON HOUSE

Le prince régent avait trois manières d’inviter à dîner. Sur une énorme carte, le grand chambellan prévenait par ordre qu’on était convié pour rencontrer la Reine. Alors, on était en grand uniforme.

Le secrétaire intime, sir Benjamin Bloomfield, avertissait par un petit billet personnel, écrit à la main, que le prince priait pour tel jour. Alors, c’était en frac et la forme la plus ordinaire. Elle s’adressait aux femmes comme aux hommes. Les dîners n’étaient jamais de plus de vingt et ordinairement de douze à quinze personnes.

La troisième manière était réservée pour les intimes. Le prince envoyait, le matin même, un valet de pied dire verbalement que, si monsieur un tel était tout à fait libre et n’avait rien à faire, le prince l’engageait à venir dîner à Carlton House, mais il le priait surtout de ne pas se gêner. Il était bien entendu cependant qu’on n’avait jamais autre chose à faire, et je crois que le prince aurait trouvé très étrange qu’on ne se rendît pas à cette invitation. Mon père avait fini par la recevoir très fréquemment. Elle ne s’adressait jamais aux femmes. Ces dîners n’étaient que de cinq à six personnes et la liste des invités était fort limitée.