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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

dispensait ordinairement ou s’il en était absent par accident. J’ignore aussi comment cela s’est passé depuis pour madame la duchesse de Berry. Je n’ai pas eu d’autre occasion d’assister à pareilles réceptions.

La sortie de monsieur le duc d’Angoulême fut accompagnée du lever et du rassied comme les autres ; je ne pus m’empêcher de penser aux génuflexions du vendredi saint. Au bout de quelques minutes, la dame d’honneur avertit l’ambassadrice qu’elle était à ses ordres. Madame lui fit une phrase sur la crainte de la fatiguer en la retenant plus longtemps, et elle s’en alla, escortée comme à son arrivée. Elle remonta dans les carrosses du Roi, accompagnée de la dame qui l’avait été chercher. Sa voiture à six chevaux et en grand apparat suivait à vide. Madame s’entretint avec nous un instant de la nouvelle présentée et rentra dans son intérieur à ma grande satisfaction, car j’étais depuis deux heures sur mes jambes et j’en avais assez de mes honneurs. Cependant il fallut assister au dîner ou traitement.

L’ambassadrice revint à cinq heures. Cette fois, elle était accompagnée de son mari et de quelques dames anglaises de distinction. Toutes les françaises qui avaient assisté à la réception étaient invitées ; il y avait aussi des hommes des deux pays.

Le premier maître d’hôtel, alors le duc des Cars, et la dame d’honneur de Madame firent les honneurs du dîner qui était très bon et magnifique, mais sans élégance comme tout ce qui se passait à la Cour des Tuileries. Immédiatement après, chacun fut enchanté de se séparer et d’aller se reposer de toute cette étiquette. Les hommes étaient en uniforme, les femmes très parées mais point en habit de Cour.

De Roi, de princesses, de princes, il n’en fut pas question ; seulement j’aperçus derrière un paravent