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CHAPITRE x


Fêtes données par le duc de Wellington. — Monsieur le duc d’Angoulême. — Refus d’une grande-duchesse pour monsieur le duc de Berry. — On se décide pour une princesse de Naples. — Traitement d’une ambassadrice d’Angleterre. — Faveur de monsieur Decazes. — Monsieur de Polignac refuse de prêter serment comme pair. — Mot de monsieur de Fontanes. — Séjour de la famille d’Orléans en Angleterre. — Demande de madame la duchesse d’Orléans douairière au marquis de Rivière.

Mon père partit pour Londres dans le commencement de 1816 ; ma mère l’y suivit. Je ne les rejoignis qu’au printemps.

Les étrangers s’étaient retirés dans les diverses garnisons qui leur avaient été assignées par le traité de Paris. Le duc de Wellington seul, en sa qualité de généralissime de toutes les armées d’occupation, résidait à Paris et nous en faisait les honneurs à nos frais. Il donnait assez souvent des fêtes où il était indispensable d’assister. Il tenait à avoir du monde et, notre sort dépendant en grande partie de sa bonne humeur, il fallait supporter ses caprices souvent bizarres.

Je me rappelle qu’une fois il inventa de faire de la Grassini, alors en possession de ses bonnes grâces, la reine de la soirée. Il la plaça sur un canapé élevé dans la salle de bal, ne quitta pas ses côtés, la fit servir la première, fit ranger tout le monde pour qu’elle vit danser, lui donna la main et la fit passer la première au souper,