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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Majesté destinait au favori. Le duc de Castries n’eut à son compte que les louis qu’il avait distribués aux porteurs de ces fugitives magnificences.

L’instruction du procès de Louvel mit en mouvement toutes les passions et les exigences royalistes. Peu s’en fallut que monsieur de Bastard ne passât pour son complice parce qu’il refusa d’en reconnaître dans tous ceux que l’esprit de parti signalait. Le duc de Fitzjames se distingua dans cette chasse aux assassins. Madame la duchesse de Berry s’y associa par une misérable et coupable intrigue.

Un pétard fut placé dans un poêle hors d’usage, situé dans un escalier dérobé de l’appartement du Roi. Il fit une assez violente explosion ; toutefois, le vieux monarque en fut peu ému. On rechercha les auteurs de cet attentat sans pouvoir les découvrir. De nouveaux pétards furent ramassés dans les environs des Tuileries. Quelques-uns même partaient sous les fenêtres de madame la duchesse de Berry.

Bientôt elle trouva dans ses appartements des écrits effrayants. Une lettre surtout, placée sur sa toilette, contenait, au nom des associés de Louvel, des menaces atroces contre la princesse et l’enfant qu’elle portait dans son sein.

La police était désespérée de ne rien découvrir sur un complot qui se dénonçait ainsi lui-même avec tant d’audace. Comment avait-on pu pénétrer jusque chez madame la duchesse de Berry pour poser un papier sur sa toilette ? Ses gens furent interrogés et leurs réponses ne faisaient qu’obscurcir l’affaire.

Enfin on arriva à une femme de chambre favorite de la princesse ; elle se troubla si visiblement qu’on la pressa vivement de questions. On lui fit écrire quelques lignes, sous un prétexte quelconque ; la répugnance