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APPENDICE viii

Mons, 14 octobre [1835]

J’ai reçu ici un billet de vous qui n’était pas destiné à aller si loin ; je n’ai pu y répondre plutôt.

Après avoir balloté, cahoté un rhumatisme pendant deux mois par terre et par mer, le premier moment de repos a été une crise dont je ne prévois pas la fin. Le jour même de mon arrivée ici, j’ai eu une attaque sur la poitrine et les poumons, et, depuis 8 jours et huit nuits, j’étouffe dans des angoisses sans cesse renouvellées ; je suis couvert de sangsues, de cataplasmes et de vésicatoires, et je compte les heures, les minutes de chaque jour et de chaque nuit. En ce moment même, je vous écris sur mon séant ; j’ai peine à finir chaque mot. Ce voyage me coûtera cher peut être.

Jugez du spectacle que je donne à une femme grosse, nerveuse et malade. Je ne sais quand j’aurai du repis et si je pourrai reprendre la route de Paris. J’ai fait venir mon médecin qui était à la suite de Mde  Thiers et qui va être obligé de s’en retourner.

Je pense aux plaques du maréchal qui seraient ici bien insuffisantes.

Adieu. Madame ; ayez quelque pitié d’un agonisant en lui donnant quelques lignes

mille hommages
H. de Rigny


Mons, 15.

Je vous remercie bien d’avoir pensé à moi. C’est une bien bonne distraction pour un malade qu’un souvenir d’amitié ; je suis dans un assez triste état ; je suffoque jour et nuit. Les douleurs aigües ont un peu cédé, mais il me reste un mal que je ne comprends pas et que je crois n’être pas plus compris des médecins ; le mien vient de repartir pour rejoindre la caravane avec laquelle voyage Thiers.

Vous me dites que j’ai eu tort de partir avant que rien ne fut décidé ; mais d’abord rien ne devait se faire qu’au retour