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APPENDICE vii

Un ilote est encore bien fort quand il a du sang français dans les veines, du courage et l’amour le plus sincère du pays et de ses libertés, enfin quand il peut publier tous ses actes et afficher tous ses écrits.

Voici la lettre que je reçois à l’instant d’un homme de beaucoup de talent dont les opinions ne sont pas les miennes.

« Votre arrestation m’a causé autant de douleur que de surprise ; je suis moi-même à moitié proscrit, mais, si le ministère et l’assistance d’un homme auquel votre caractère public et privé a inspiré une haute estime, peuvent vous être utiles, disposez de moi. »

Si cette lettre était tombée aux mains de Mr  le procureur général de Rennes, ce serait là un chef grave d’accusation ; un homme du mouvement, écrivant à un légitimiste disposez de moi — à coup sûr j’ai dirigé non seulement les mouvemens de l’ouest mais aussi les républicains de l’église St  Merry — il y a des hommes qui ne conçoivent pas qu’on puisse avoir du cœur et se montrer noble et généreux dans tous les partis.

Adieu, Madame ; je souffre encore beaucoup ; je vais demander au juge d’instruction une maison de santé ou Mme de Neuville pourra me suivre ; je suis, du reste, accablé de soins par Mr Carlier qui a bien voulu me retirer chez lui, et me faire sortir d’un nid de voleurs, mais mon état de faiblesse exige des soins particuliers. Je verrai si M. le juge d’instruction croit ma parole aussi sûre que des verroux. Agréez l’hommage de mon respect et de mon attachement

Hyde de Neuville