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iv


Le Baron Séguier,
consul général de France à Londres.


Londres, le 13 août 1830.

Madame,

Quoique très affairé et non moins souffrant, je ne veux pas laisser passer ce courrier sans vous accuser au moins réception de votre lettre du cinq du courant, et de l’incluse que je n’ai pu encore remettre, mais que je remettrai s’il y a lieu.

La manière dont vous parlez de notre nouvel état de choses m’a fait grand plaisir, car elle prouve qu’il se confirme, et c’est la confiance en nous même, avec l’union, qui peut achever de nous sauver. On est ici dans l’admiration de nous ; les papiers anglais ne sont pleins que d’amendes honorables sur notre mauvaise réputation passée ; nous ne sommes plus bons à faire seulement des danseurs et des perruquiers, nous sommes ce qu’il y a de mieux dans le monde après les Anglais. Tous ces nouveaux éloges semblent donnés de bonne foi, et, si nous continuons à les mériter, une noble estime peut se former entre les deux peuples ; nous marcherions alors unis, hand in hand, et le bonheur avec la liberté de l’Europe seraient assurés.

Pouvez vous lire ce griffonage ! ma main me refuse le service.

Adieu, Madame, présentez l’hommage de mon dévouement à votre famille et ne doutez jamais de mon aussi réel que respectueux attachement

Bon  Séguier.