Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome III 1922.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
BAL AU PALAIS-ROYAL

Ce bal fut suivi d’un voyage à Rosny des plus magnifiques. On m’en fit de pompeux récits, mais, n’y ayant pas assisté, je n’ai rien à en dire.

Je voudrais pouvoir passer également sous silence la fête donnée au Palais-Royal, au retour de Rosny, car le souvenir ne m’en est pas agréable. Le roi Charles x ayant consenti à accompagner celui de Naples à ce bal, il semblait naturel que la fête fût pour eux, mais il en arriva tout autrement.

Lorsque j’arrivai au Palais-Royal, les rues étaient tellement encombrées de monde que ce n’était qu’avec beaucoup de peine et à travers les imprécations de la foule que les voitures circulaient. Mon cocher avait dû tourner dans dix rues différentes pour se frayer un chemin. Parvenue enfin à la petite porte de la rue du Lycée, il fallut que les gendarmes, les suisses, etc., fissent une espèce de sortie pour se réunir à mes gens et parvenir à me faire entrer dans le Palais en m’arrachant de la foule.

Dans l’intérieur, la cohue n’était guère moins grande. Tout ce qui avait voulu demander des billets en avait obtenu, et c’était à grand’peine que les aides de camp du prince, réunis à ceux du Roi et aux officiers des gardes du corps, conservaient un espace de quelques pieds autour de la troupe royale. La faire circuler fut longtemps chose impossible.

Je me trouvai lancée par la foule, dans cet espace réservé où je n’avais aucune intention de pénétrer, au point de tomber sur le prince de Salerne.

Le duc de Blacas, qui était de service et avec lequel je n’étais pas en trop bons rapports, eut pitié de moi et me prit sous sa protection pendant le passage d’un des flots de cette foule.

J’eus occasion alors d’examiner la physionomie des