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LA COUR DE NAPLES À PARIS

raconta que, la veille au soir, on avait parlé de cette nouvelle chez madame la Dauphine. Le Roi, monsieur le Dauphin, madame la duchesse de Berry, tous les Orléans, s’étaient prononcés contre cette décision.

Madame la Dauphine seule avait dit : « Oui, je crois bien que c’est une mauvaise chose qui doit déplaire au gouvernement et même à la famille, mais, quant à moi personnellement, je trouve que le roi d’Espagne a raison et que ce qu’il fait est tout simple. »

Madame la Dauphine se serait assez bien accommodée que les filles héritassent des trônes, même de celui de France. Cependant je dois dire qu’elle repoussa avec ridicule et mépris des propositions qui lui arrivèrent de je ne sais quel nid d’intrigants pour l’engager à réclamer la couronne de Navarre.

J’ai quelque souvenir, sans oser l’affirmer, que monsieur de Chateaubriand avait un moment accepté cette idée, croyant par là plaire à madame la duchesse d’Angoulême ; je l’appelle ainsi car c’était sous le règne de Louis xviii.

L’arrivée de la Cour de Naples fut le signal des fêtes. Madame la duchesse de Berry paraissait enchantée de recevoir sa famille chez elle ; je ne l’ai jamais vue plus à son avantage que dans cette circonstance. Le Roi son père, auquel la maladie avait donné les apparences d’une caducité prématurée, ne paraissait que le moins possible en public et s’accommodait mieux de l’intérieur plus tranquille de sa sœur, madame la duchesse d’Orléans.

Mais la reine de Naples, toute grosse, toute ronde, tout enluminée, toute prête à se divertir de toutes les façons possibles, mettait à contribution la bonne volonté de madame la duchesse de Berry à la promener dans tout Paris et dans tous les spectacles. C’était ainsi que,