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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

mière condition à ses bons offices qu’elle serait reçue à la Cour.

Cela parut impossible à obtenir de la sévérité connue de madame la Dauphine ; mais, dès le premier mot que madame la duchesse d’Orléans hasarda à ce sujet, elle dit : « Certainement, ma cousine ; je suis fâchée pour le duc de Bourbon que ce soit là le moyen de le décider à une chose juste, convenable pour lui autant que pour vous, mais, puisqu’il en est malheureusement ainsi, il n’y a pas à hésiter, je me charge d’en parler au Roi. »

Madame de Feuchères fut présentée ; madame la Dauphine la traita bien, et le testament fut signé. Je crois bien qu’il convenait aux idées de madame la Dauphine que Chantilly restât entre les mains d’un Bourbon et que ce titre de Condé se perpétuât dans sa famille. Mais il n’est pas moins vrai que, dans cette circonstance, elle se montra très bonne et très aimable pour les princes d’Orléans.

L’adresse de la Chambre ne fut pas conçue dans un esprit plus conciliant que le discours du trône. Le Roi s’en tint pour offensé et prorogea la session, en protestant de nouveau de la volonté immuable dont il soutiendrait ses actions. Les députés retournèrent dans leur province se préparer à de nouvelles élections qu’on prévoyait inévitables.

Il faut rendre justice au gouvernement et surtout à l’administration. Une fois l’expédition d’Alger consentie, les préparatifs en furent faits avec un zèle et une activité si extraordinaires qu’elle fut prête en six semaines, au lieu de demander une année comme on l’avait prétendu. Le succès a prouvé qu’il n’y manquait rien.

Cette campagne africaine était devenue le point d’espérance des hommes les plus animés du parti ultra.