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CHANGEMENT D’ATTITUDE DE M. LE DAUPHIN

prendrait s’il avait accordé sa confiance au nouveau cabinet, mais il ne l’obtint pas.

Monsieur le Dauphin avait fait la faute de vouloir être nommé lui-même ministre à portefeuille. Au lieu de conserver simplement du crédit au ministère de la guerre où il faisait tout ce qu’il voulait, il avait désiré être ostensiblement chargé du personnel, avoir des bureaux et un travail à porter au conseil.

La jalousie d’attributions s’empara de lui, et bientôt il eut contre « ses collègues » des petites passions de rivalité, soigneusement entretenues par les agents subalternes de son ministère.

D’un autre côté, tous les officiers qui n’obtenaient pas immédiatement ce qu’ils désiraient, au lieu de pouvoir crier contre le ministre en se réclamant des bontés du prince, devaient s’en prendre directement à monsieur le Dauphin, et il perdait la popularité qu’il avait acquise dans l’armée.

Ces résultats avaient été prévus par les anciens conseillers de monsieur le Dauphin. Ils avaient cherché à le dissuader de cette fantaisie administrative, et probablement son refroidissement, à leur égard tenait à cette circonstance. J’ai déjà dit avec quelle répugnance il vit entrer monsieur de La Ferronnays au conseil où il siégeait. Je tiens de celui-ci que, pendant tout le temps de son ministère, il ne lui adressa pas une seule fois la parole, mais ils eurent souvent des prises au conseil : la plus vive fut au sujet du duc de Wellington.

Monsieur le Dauphin voulait qu’on adoptât une mesure recommandée par le duc et que monsieur de La Ferronnays désapprouvait parce que, disait le prince, « le duc de Wellington est attaché à notre famille, il nous aime et ne peut vouloir que ce qui nous est utile ».

Monsieur de La Ferronnays, justement irrité de ce que