Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome III 1922.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
SÉJOUR DE DOM MIGUEL À PARIS

de Jules de Polignac, l’avait, à l’aide de ses propres dépêches et de la conduite qu’il tenait dans toutes les affaires, tellement discrédité dans l’esprit du Roi, tellement montré inepte, incapable, niais, que le monarque hésita et enfin recula devant l’idée de former un ministère portant cette couleur.

Malgré la profession de foi constitutionnelle que monsieur de Polignac vint faire à la tribune de la Chambre des pairs où, dans le discours le plus ridicule, il prévint la France que ses enfants apprenaient à lire dans la Charte, malgré les soins qu’il se donna pour se rapprocher des hommes que j’appellerai de la patrie parce que c’est à eux qu’elle a eu recours dans toutes les crises, il échoua et la chute de la monarchie fut ajournée.

Le ministère Martignac fut nommé sous le patronage de monsieur le Dauphin. Monsieur de Polignac retourna furieux à son poste de Londres, sans renoncer aux intrigues ourdies par la coterie dévote. Le pauvre duc de Rivière, plus loyal et déjà malade, fut tellement affecté du mauvais succès de ses efforts et d’avoir efficacement travaillé à un résultat qui lui paraissait l’abomination de la désolation que son mal s’aggrava. Il mourut, peu de semaines après, en se reprochant amèrement la part qu’il avait prise à la chute de monsieur de Villèle.

C’est au plus fort de cette tourmente ministérielle que dom Miguel, déjà connu pour ses violences envers sa famille, repassa par Paris en quittant Vienne pour aller à Lisbonne gouverner au nom de sa fiancée, la petite reine doña Maria.

Réconcilié avec dom Pedro et reconnu par les puissances européennes comme mari de la reine du Portugal, il fut accueilli à notre Cour avec les honneurs qu’on lui avait refusés à son premier passage où il n’avait laissé d’autre souvenir que celui d’une scène faite à l’ambas-