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ÉLECTIONS DE 1827

les américains espagnols, que tout le monde sait avoir été les colonies les plus paternellement traitées qui aient jamais existé.

Mais, en revanche, par cette espèce de franc-maçonnerie qui conduit toujours les anglais lorsqu’il s’agit des intérêts spéciaux de la vieille Angleterre, les massacres de Parga, d’Hydra, de Chio, toutes ces dames chrétiennes enlevées à leur famille et vendues sur les marchés de Smyrne n’arrachaient pas un cri à un seul organe de la presse. Pas un soupir n’a été poussé d’aucun banc de l’opposition ; et, malgré la vanité nationale si facilement exaltée par les succès maritimes, le ministère dans le discours de la Couronne se crut obligé de qualifier d’inopportune (untoward) la victoire de Navarin.

Chez nous, l’impression était bien différente ; et, puisqu’enfin cette victoire inopportune comblait de joie une grande partie du pays, monsieur de Villèle voulut profiter de la popularité qui en rejaillirait sur le gouvernement pour exécuter le parti arrêté de la dissolution de la Chambre des députés. Elle fut annoncée et les élections fixées à l’époque la plus rapprochée possible. Il espérait, par là, éviter les manœuvres des personnes qui lui étaient hostiles dans les deux oppositions. Car, il faut lui rendre justice, lui aussi était déjà juste milieu et avait pour ennemis actifs tous les exagérés du parti ultra.

La censure tombait de droit devant les élections. Je ne me souviens plus à quelle époque elle avait été rétablie. Elle était tellement impopulaire que les personnes, honorables d’ailleurs, auxquelles on avait imposé le métier de censeur se trouvèrent honnies de tout le monde. De plus, on n’y gagnait pas grand’chose ; jamais l’axiome italien fatta la legge trovato l’inganno ne fut plus complètement justifié.

Une société de gens de lettres politiques, à la tête de