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LA DUCHESSE DE BERRY À ROSNY

ne voulut rien croire des propos qui remplissaient la Cour.

Quant à la famille royale, elle était persuadée de l’extrême légèreté de la conduite de la princesse. On a entendu fréquemment le Roi lui faire des scènes de la dernière violence. Elle les attribuait à l’influence de sa belle-sœur et leur mutuelle inimitié s’aggravait de plus en plus.

La discorde s’était aussi emparée de l’intérieur du pavillon de Marsan ; madame de Gontaut et monsieur de Mesnard s’étaient disputé la faveur de la princesse ; mais le dernier l’avait emporté, et il en résultait un refroidissement pour la gouvernante qui éloignait la mère des enfants. Madame la duchesse de Berry s’en occupait très peu et ne les voyait guère. Une rougeole assez grave de monsieur le duc de Bordeaux, qui donnait quelque souci, ne changea rien à un voyage de Rosny.

Le Roi et madame la Dauphine en ressentirent un mécontentement qu’ils exprimèrent hautement ; et cependant, ils auraient été les premiers à trouver mauvais que la princesse fît valoir ses droits de mère, comme primant ceux que l’étiquette attribuait à la gouvernante. Chaque jour, celle-ci menait les enfants chez le Roi, à son réveil, et je ne pense pas que madame la duchesse de Berry fût extrêmement ménagée dans ces entrevues quotidiennes.

J’ai entendu raconter, dans le temps, que ses nombreuses inconvenances prêtaient fort à la critique ; mais, en outre que cela est peu important, j’étais tout à fait en dehors du cercle où ce petit commérage royal faisait événement, et j’en serais historien très vulgaire.

J’ai toujours vu madame la duchesse de Berry également maussade et pensionnaire. Le malheur ne lui avait rien appris sous ce rapport.

Je me rappelle qu’au dernier concert où j’assistai chez