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SOIRÉES CHEZ LA DAUPHINE

« Eh bien, monsieur, savez-vous ce que c’est qu’une coquecigrue ?

— Non, sire, je ne sais pas ce que c’est qu’une coquecigrue.

— Eh bien, monsieur, ni moi non plus ! »

Madame la Dauphine ne put retenir un éclat de rire auquel le Roi se joignit, et toute l’assemblée y prit part.

Monsieur le Dauphin jouait aux échecs et se retirait de très bonne heure dans la chambre de madame la Dauphine dont alors on fermait les portes.

La princesse restait à faire de la tapisserie. Elle invitait chaque jour deux ou trois dames de sa maison, ou de celle de son mari, pour cette soirée où on se rendait très parée. La faveur de ma belle-sœur l’y faisait appeler un peu plus souvent que les autres ; les dames de service n’y assistaient pas de droit, il fallait qu’on le leur eût dit.

Madame la Dauphine n’était pas aimable pour ses dames et ne leur accordait aucune familiarité.

Madame la duchesse de Berry venait, de temps en temps, chez madame la Dauphine. Elle faisait la partie du Roi et n’était pas moins grondée que les autres. Cette espèce de Cour se tenait parfois chez elle et était alors un peu plus nombreuse. Pendant les absences de madame la Dauphine, le Roi faisait sa partie chez madame la duchesse de Berry.

À Saint-Cloud, on se réunissait dans le salon du Roi, Ce genre de vie a continué, sans que rien y apportât le moindre changement, jusqu’au 31 juillet 1830 inclusivement.

L’existence de madame la duchesse de Berry ne partageait pas la monotonie de celle des autres princes. Dès longtemps elle avait repoussé ses crêpes funèbres, et s’était jetée dans toutes les joies où elle pouvait atteindre.