défense ne s’étendit pas sur le chapitre de Saint-Denis, car, arrivé à l’église, le service fut digne et religieux.
J’en eus le récit le jour même par beaucoup de témoins oculaires, particulièrement par le duc de Raguse dont l’imagination mobile avait été vivement saisie par les formes, antiques et féodales, de la cérémonie à laquelle il avait été appelé à prendre part. Il les racontait avec ce bonheur d’expression qu’il trouve bien plus fréquemment en parlant qu’en écrivant et qui rend sa conversation charmante.
Je me rappelle, entre autres, sa description du moment où le chef des hérauts d’armes, prenant successivement le casque, le bouclier et enfin le glaive du Roi, les précipitait après lui dans le caveau. On les entendait rouler de marche en marche, tandis que le héraut disait trois fois à chaque objet : « le Roi est mort, le Roi est mort, le Roi est mort ! »
Puis, après ce cri de mort, répété neuf fois d’une voix lugubre dans le silence de l’assemblée, la porte du caveau se refermait avec fracas ; tous les hérauts se retournaient vers le public, criaient simultanément : « Vive le Roi ! » et tous les assistants se joignaient à cette acclamation.
J’avoue que le casque et le glaive de Louis XVIII pouvaient prêter au ridicule ; mais, lorsque le maréchal racontait l’effet du bruit de ces armures tombant dans la profondeur de cette royale sépulture, il causait d’autant plus de frémissement que lui-même en éprouvait encore.
Cette cérémonie donna lieu à une querelle littéraire qui dure encore à l’heure qu’il est. Monsieur de Salvandy, déjà connu avantageusement par quelques brochures politiques, fit insérer dans le Journal des Débats une chaleureuse relation des funérailles de Saint-Denis. Beaucoup de personnes crurent y reconnaître la plume