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LA DUCHESSE DE RAUZAN

Madame de Duras se complut à entourer Clara de tous les agréments, de toutes les distinctions, de tous les amusements qui peuvent charmer une jeune femme, afin surtout de faire sentir à madame de La Rochejaquelein le poids de son mécontentement. Elle se vengeait comme un amant trahi, car toutes ses préférences avaient été pour Félicie et, même en cherchant à la tourmenter, elle l’adorait encore. Au surplus, elle ne parvint jamais à diviser les deux sœurs qui restèrent tendrement unies, à leur mutuel honneur, quoique l’aînée fût traitée comme une étrangère dans la maison paternelle où l’autre semblait posée sur un autel pour être divinisée.

Les contemporaines de madame de Rauzan ont établi qu’elle était fort bornée. Je ne puis être de cet avis. Elle a beaucoup de bon sens, un grand esprit de conduite ; elle est très instruite, sait plusieurs langues dont elle connaît la littérature. Peut-être n’a-t-elle pas beaucoup d’esprit naturel, mais elle en a été tellement frottée pendant ses premières années qu’elle en est restée suffisamment saturée pour me satisfaire pleinement.

Je ne sais si je m’aveugle par l’affection que je lui porte, mais elle me paraît à cent pieds au-dessus de la plupart de celles qui la critiquent.