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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

devenant de plus en plus infirme, le demanda pour coadjuteur de l’archevêché de Paris, monsieur de Richelieu accueillit cette démarche avec empressement.

Préoccupé de la crainte de voir arriver à ce siège un prélat qui y portât les idées réactionnaires du clergé émigré, et notamment l’archevêque de Sens, La Fare, que Madame y poussait, il crut faire un coup de parti en l’assurant à un homme dont les précédents promettaient autant de modération que de tolérance.

Cette considération fit arriver monsieur de Quélen, ecclésiastique obscur et sans talents remarquables, à la première place de son ordre, lorsqu’il était à peine âgé de quarante ans. On aurait pu croire son ambition satisfaite, mais il montra bientôt qu’elle était insatiable.

Monsieur de Richelieu s’était laissé entraîner à commettre une faute. Jamais, depuis le cardinal de Retz, l’ancienne monarchie n’avait consenti à donner le siège de Paris à un homme assez jeune pour prétendre à faire de l’opposition. Il était la récompense de prélats vieillis dans les vertus évangéliques ; et la probabilité de leur succession, promptement ouverte, servait de moyen pour en maintenir plusieurs autres dans la dépendance du gouvernement. Il était donc d’une mauvaise politique, lors même que monsieur de Quélen se fût montré tel qu’on le croyait, de donner la première place dans le clergé a un homme aussi jeune.

Monsieur de Quélen n’était pas de cet avis, et même il se flattait que l’héritage de la grande aumônerie, possédée par le cardinal de Talleyrand, lui arriverait avec l’archevêché de Paris. L’humeur qu’il conçut de l’en voir séparer, en faveur du cardinal de Croy, entra pour beaucoup dans son hostilité à la conversion des rentes.

Quoi qu’il en soit, l’esprit financier et finassier de monsieur de Villèle se trouva cruellement blessé d’être