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LE DUC DE REICHSTADT

assez curieuse. La veille de son départ de Vienne, il adressa à monsieur le duc de Reichstadt, qu’il rencontrait dans le monde tous les soirs, cette phrase banale :

« Monseigneur a-t-il des ordres à me donner pour Paris ?

— Des ordres pour Paris ! moi ? Moi ! oh ! non, cher La Rue ! » Et il sentit trembler la main qu’on lui avait tendue.

Il se retira affligé de l’effet produit sur le prince par son inadvertance. Au moment où il montait en voiture le lendemain, un valet de pied lui remit un paquet. C’était un grand papier plié en quatre, sur le milieu duquel était écrit de la main du duc : « Présentez mes respects à la colonne. »

Il n’y a ni date ni signature, mais l’enveloppe, mise par un secrétaire, est contresignée de tous les titres et qualités de S. A. I. le duc de Reichstadt et porte l’assurance que l’intérieur est de son écriture. Est-ce un usage allemand pour les lettres des princes ou une précaution particulière pour celle-là ? Je l’ignore.

Monsieur de La Rue me l’a confiée, pendant une absence qu’il a faite, mais il me l’a redemandée ; et je n’ai pas osé lui témoigner le désir que j’aurais eu de la conserver.

Je reprends le fil de mon discours. Madame la duchesse d’Angoulême s’était établie à Bordeaux, pendant la guerre d’Espagne, pour être plus à portée des nouvelles. Le même motif y conduisit ma belle-sœur. Cette similitude d’intérêt la rapprocha de la princesse, beaucoup plus gracieuse en général lorsqu’elle s’éloignait de Paris, et qui, dans cette circonstance, montra à madame d’Osmond des bontés qu’elle lui a toujours continuées.

Elle n’était pas précisément de son intimité, mais du