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viii
introduction

1848, sans la surprendre, la frappe douloureusement.

Les deuils se précipitent : en 1849, madame Récamier, dont les dernières visites furent pour elle, suit de très près Chateaubriand, sa belle-sœur (1853), en 1862 son frère et son vieil et fidèle ami le chancelier Pasquier.

L’éblouissante dame blonde peinte par Isabey est devenue la très vieille dame aux rondes boucles blanches.

Chargée d’ans, elle est la tante très vénérée, très respectée de son petit-neveu. Le petit Osmond est intimidé dès le seuil, rue d’Anjou-Saint-Honoré. Une étrange machine pend dans la cage de l’escalier, c’est l’ascenseur à corde, à l’usage de la dame de céans, et que manie le vieux Céleste. La demeure est calme, ornée des recherches du goût du XVIIIe, meubles de laque de Chine, Sèvres vert céladon et roses.

Son établissement de Trouville révèle le même soin. C’est sur la plage, une maison d’aspect anglais, au jardin fleuri.

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De 1820 à 1859 le salon de Madame de Boigne est le miroir, fidèle et varié, de la vie politique contemporaine. Nulle part ailleurs l’homme public, quelque parti auquel il appartienne, le diplomate étranger, ne trouvent, menée d’une main plus délicate, une discussion plus libre et plus intelligente. L’excellente