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Mais les faits rapportés par l’auteur du Liber ne peuvent être acceptés qu’après sévère contrôle [1].

Le chroniqueur — ou pour parler plus exactement, le compilateur — écrivait au milieu du XIIe siècle : il était moine bénédictin de l’abbaye de Pontlevoy ; renseignement fort précieux, comme nous allons le voir tout à l’heure.

Son Liber de compositione castri Ambaziae n’est qu’un recueil de traditions populaires fort curieuses, mais assemblées sans critique, et qui prétendent expliquer l’origine d’un certain nombre de villes et de châteaux dont nos aïeux ne connaissaient pas l’histoire [2].

Essayons de démêler la vérité. D’abord, notons une erreur du chroniqueur : la dixième année du règne de Clovis correspond à 491 ; or, le roi mérovingien était à cette époque païen et non catholique, sa conversion ne datant que de la bataille dite de Tolbiacus (496).

Quant à l’expédition de Clovis dans la Saxonia, il faut sans doute l’identifier avec celle qui fut dirigée contre les Thuringiens. Ces Thuringiens, apparentés aux Saxons, furent en effet soumis en 491.

Ce qui est vrai, c’est qu’à la chute de l’empire Romain

    nemoribusque occultantes viatores interimebant, cum sibi a Saxonia revertenti ostensum esset, festinus descendit, Britonibus fugatis et peremptis, Blesim delevit. Paulo tamen altius in competentiori loco castrum illud restauravit, suosque ibidem posuit, eodemque nomine vocavit, illud nempe diligens, utpote quod multum pulchrum fecerat nimis exaltavit. — V. le même texte dans le Spicilegium d’Achery, in-fo, t. III, p. 570.

  1. Bergevin et Dupré, Histoire de Blois, tome I, chapitre 1, ont admis sans discussion le fait rapporté par le chroniqueur. — L. de la Saussaye, Histoire du Château de Blois, p. 48, est plus circonspect ; il remarque que le fait « n’est rapporté que par un seul chroniqueur du XIe siècle (sic) ». D’ailleurs, il a mal compris le passage, puisqu’il dit que les Bretons avaient détruit Blois, ce qui est un contre-sens.
  2. V. à ce sujet l’Introduction aux chroniques des comtes d’Anjou par Émile Mabille (Société de l’Histoire de France, 1856-1871), p. XLII-XLVI.