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nous étonnent encore nous-mêmes par la majesté de leurs masses? Pour nous, les dolmens de la colline de Buzeins sont les plus beaux et les plus imposants de tous ceux que nous avons recontrés dans notre département. Mais voici le revers de cette médaille : il n’existe pas un seul de ces tombeaux qui n’ait été dévasté. Le photographe seul peut tirer bon parti d’une douzaine en reproduisant leur figure pour la conserver à la science. Depuis quelques mois seulement leurs cellæ sont veuves de leurs vieilles cendres et des objets précieux qu’elles renfermaient. Des hommes étrangers au département ont emporté, pour leur vaine curiosité peut-être, ce qui devait être pour l’histoire une utile pièce justificative. Sur leurs décombres, livrés aux vents, nous avons pu cependant recueillir quelques épaves. Ce sont 14 bouts de flèches en silex ; un 15e est en bronze ; un superbe couteau également en silex ; deux petites haches en pierre, plusieurs grains de collier en albâtre gris, en serpentine, en coquillage et en bronze, enfin un grand vase grossièrement orné et d’une belle conservation.

Ces dolmens, au nombre d’une vingtaine environ, diffèrent peu dans leurs dimensions, qui est de 5 à 6 mètres de longueur sur 1 mètre 50 de largeur. Leur profondeur varie de 70 centimètres à 2 mètres. La plupart sont encore entourés de leurs tumulus. Ils ont tous leurs portes vers l’orient, excepté deux qui l’ont l’un au sud et l’autre au nord. Plusieurs possèdent encore leur table intacte et presque aussi large que longue. A Buzeins, les dolmens sont appelés cibourniès (cineraria), tandis que dans la plupart des autres localités du département ils sont désignés sous le nom de tombes des Anglais, tombes de géants, maisons des fées, etc.