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Puech-de-Buzeins. Nous avons pu nous convaincre par nous-mêmes que l'archéologue peut, lui aussi, avec quel- que profit, hasarder un peu de fatigue et dépenser quel- ques sueurs pour trouver sur l'intéressant sommet sa petite part d'émotions. Une large traînée de briques à rebords et quelques anses d'amphores nous avaient mis sur la voie de notre découverte. Elle nous conduisit vers le côté sud-est du pic dans une sorte d'enclos, où se ma- nifestèrent quelques débris de poteries. La tradition locale consultée, il nous fut répondu qu'une ville du nom de Cuje avait occupé autrefois cet emplacement. Un petit lion en bronze avait été trouvé là par des bergers, ainsi que plusieurs pièces de monnaies. De notre côté, nous n'avions pas perdu le souvenir d'une statuette en bronze d'Apollon , découverte également sur ce plateau , et offerte, il y a environ trente ans, au musée de Rodez, par M. Bousquet, alors curé de Buzeins. C'en était assez pour nous inspirer un projet de fouilles, dès que nous serions en possession de fonds. La Société française d'archéologie et notre Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, toujours généreuses quand il s'agit d'encourager la science, nous ont permis, en nous al- louant ces fonds, de commencer nos travaux.

Nous en donnons aujourd'hui le résultat.

Les premiers coups de pioche furent portés de préfé- rence sur un point que la tradition signale comme ren- fermant de profondes excavations, où, ajoute-t-elle, un veau d'or fut autrefois caché par les Anglais[1]. Nos espérances ne pouvaient être déçues de ce côté, n'ayant pas foi en ces légendes. Nous attendions, avec plus de confiance et de raison, des murailles fortement bâties pour résister à l'impétuosité des vents d'une extrême violence sur un pic si élevé. Ces murailles ne tardèrent pas à se montrer. Leur épaisseur était de 80 centimètres. Nous étions tombés juste sur un angle en grès, monté en

  1. Une croyance populaire attribue aux Anglais un veau d'or et des trésors qui auraient été cachés par eux dans la terre, à l'époque où ils furent expulsés de nos contrées. Toute localité qui possède des ruines anciennes croit que ces prétendus trésors s'y trouvent enfouis.