Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lors de la grande question du droit de paix et de guerre, j'ai été de l'avis qu'il ne pouvait appartenir qu'au roi.

J'avoue que, plus l'Assemblée marchait en avant, et plus j'étais étonné des usurpations de pouvoirs et de propriété qu'elle ne cessait d'entreprendre ; mais ce qui m'étonna véritablement le plus fut le décret destructeur de la noblesse héréditaire, rendu dans la séance du 19 juin au soir. Ce décret, prémédité sans doute dans la scélératesse du silence, ce décret qui n'a eu pour but que la jalousie et la méchanceté, rendu dans une séance du soir, fut à peine proposé qu'il fut décrété et fut prononcé par un ex-président que l'on a vu s'emparer honteusement du fauteuil dans toutes les occasions où il a été question de commettre avec précipitation un crime ou une injustice. J'étais malade, je ne pouvais donc en aucune manière m'opposer à cette atrocité ; muni de vos pouvoirs, je devais protester. Je signai en conséquence une protestation générale qui a été faite par la majorité de la noblesse ; j'en fis une particulière que je remis à M. le comte de Bournazel pour être remise avec la sienne en lieu de sûreté et je l'ai faite imprimer particulièrement et insérer dans la Gazette de Paris.

J'aurais quitté l'Assemblée à cette époque si je n'avais voulu donner mon opinion sur l'imposition foncière et garantir, autant qu'il était en moi, vos propriétés des vexations et des poursuites des économistes et des agioteurs de la capitale, car je voyais parfaitement que, quelque étendus que fussent les pouvoirs que vous m'aviez donnés, il n'y avait pas de raison qui pût m'empêcher de quitter une assemblée qui venait de sacrifier l'état de mes commettants, et c'est la vraie, la principale cause de mon absence.

Lorsque l'on a traité la grande émission d'assignats, j'ai fait tous mes efforts pour obtenir la parole, mais je ne pus jamais y parvenir, je voyais que cette nouvelle monnaie était la ruine du peuple ; je fus révolté surtout d'un moyen fondé sur un vol aussi manifeste, j'avais fait en conséquence un travail sur ce sujet, travail qui est devenu inutile et je me suis contenté de voter contre.