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comité, assez bien composé dans son principe, pouvait donner des lumières, mais la minorité, composée de personnes absolument ignorantes dans la partie de la marine, appela à son secours un plus grand nombre de députés ; l’Assemblée en accorda six de plus qui furent choisis parmi les avocats et parmi ceux qui voulaient le renversement total du corps de la marine. Je vis alors ainsi que MM. de Vaudreuil, de Lacoudraye, etc., que notre opinion et notre présence ne faisaient qu’aigrir les esprits, procurer un plus grand mal sans faire aucun bien ; nous nous retirâmes donc de ce comité et je donnai ma démission par écrit à celui des membres qui le présidait. — Je n’ai pas besoin de retracer ici toutes les peines que j’ai eu à souffrir, tous les désagréments que j’ai eu à supporter pendant mon séjour dans ces deux comités ; tout ce qui m’est personnel devient inutile et je m’estimerais heureux si j’avais pu, aux dépens même de mon sang, acheter et maintenir l’état, la fortune et la tranquillité de tant de personnes qui souffrent. — Le seul plaisir que j’aie éprouvé, et qui est bien vif pour moi, est celui d’avoir lié connaissance et amitié avec le sage et vertueux Malouet, dont les talents distingués, les principes modérés, auraient pu faire le bonheur de la patrie si les mons- tres qui la gouvernent aujourd’hui avaient eu des oreilles et un coeur pour l’entendre, pour l’apprécier et pour suivre ses conseils.

Ma santé, très altérée par l’état continuel de contrainte où j’ai vécu, par les peines d’esprit et de coeur qui n’ont cessé de me tourmenter, ma santé, dis-je, m’a dispensé souvent d’assister aux séances, j’ai toujours eu d’ailleurs une répugnance extrême à m’y trouver, mais je m’y suis exactement rendu quand j’ai su que l’on devait traiter une question essentielle et quand j’ai cru que je pouvais y être utile. J’ai refusé ma voix à tout ce qui a rapport à la constitution civile du clergé ; je me suis opposé au vol et à l’envahissement de ses biens ; j’ai demandé formellement à l’Assemblée la conservation de l’évêché de Vabres et celle de tous les établissements relatifs au culte divin dans ma province. L’Assemblée, pressée par ma demande décréta qu’il n’y avait pas lieu à délibérer.