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mémoire que M. Necker venait de rendre public, et dans lequel il se plaignait de la fourberie du comité, je profitai de cette circonstance pour écrire, de concert avec M. de Wimpfen (il fut trompé à peu près comme je l’avais été), une lettre que j’ai rendue publique par la voie de l’impression, et dans laquelle je témoignai à M. Camus mon étonnement sur sa demande hasardée à notre égard, je lui défendais de ne plus apposer ma signature à aucun écrit (ce qu’il a exécuté depuis), je rétractai celle que j’avais donnée trop imprudemment et qu’on n’avait obtenue que par fraude et par supercherie. Cette démarche était insuffisante pour ma justification, je crus en devoir faire une autre qui me mît à l’abri de tout reproche ; en conséquence je donnai ma démission du comité ; mais un nouveau décret m’obligea d’y rester encore et je ne pus en sortir qu’en quittant l’Assemblée. — Avant de terminer cet article , je puis dire avec vérité que je n’eus d’autre projet que celui d’établir un mode plus juste et plus égal dans les récompenses ; je voulais qu’on diminuât les pensions trop fortes, qu’on augmentât celles qui ne l’étaient pas assez ; je voulais que chaque militaire, suivant son grade et ses services, pût prétendre aux grâces du roi ; je voulais enfin que les abus, inséparables d’un grand gou- vernement, fussent abolis. — Des vues fondées sur la raison, la justice et la probité devaient sans doute acquérir peu de faveur dans un comité dont M. Camus était président, je n’inculpe que lui, c’est lui qui a tout fait, il est seul coupable de toutes les injustices qui ont été commises. C’est sous les apparences du bien public, c’est en profanant les noms sacrés de l’honneur et de patrie qu’il répandait le venin démocratique et qu’il exécutait ses coupables desseins. Aussi lâche qu’orgueilleux, le courage qu’il montrait au milieu des brigands s’éclipsait dans le tête à tête ; s’il manque encore quelque chose à ma justification, c’est aux militaires , qui souvent m’ont honoré de leur confiance et qui n’ont reçu de moi que des marques de zèle et de respect, qu’il appartient de me rendre la justice que je mérite et à laquelle j’ai le droit de prétendre.

J’avais été nommé membre du comité de la marine ; ce